Pensez-vous être le seul responsable de votre humeur ? Pensez-vous que vos différentes envies alimentaires sont contrôlées simplement par votre cerveau ? Pensez-vous que votre flore intestinale puisse vous protéger de certaines maladies ou au contraire les favoriser ?
Table des matières
Introduction
Nous sommes constitués de milliers de milliards de bactéries et les bactéries sont localisées dans notre ventre s’appellent microbiote ou comme dit précédemment, flore intestinale.
Nous remarquons que de plus en plus de personnes souffrent de problèmes intestinaux. Pouvant passer de simples symptômes comme les ballonnements, flatulences jusqu’à la constipation, le côlon irritable, la malade de Crohn, les pathologies inflammatoires, le surpoids, les pathologies cardio-vasculaires jusqu’aux troubles psychiatriques.
Toutes ses pathologies ont-elles un point commun ?
Il existe différentes flores, celle de l’estomac, de la bouche, du nez, de la peau, du vagin… ici, nous allons aborder le sujet de la flore du côlon qui comprend plus ou moins 100 000 milliards de microorganismes. Quand on parle de ces derniers, cela comprend les bactéries, les levures, les champignons, les virus et les archées. Dans notre corps, il y a plusieurs milliers d’espèces de bactéries capables de diriger certaines opérations, nous allons alors parler de métagénome pour l’ensemble des gènes des bactéries qui nous habitent, et vous l’aurez compris qui est infiniment plus riche que notre propre génome.
La composition bactérienne est-elle propre à chacun ?
*Les bactéries présentes dans notre corps peuvent varier d’une personne à l’autre en raison de plusieurs facteurs. Voici quelques raisons pour lesquelles les bactéries peuvent différer entre les individus :
– L’alimentation, notre alimentation joue un rôle clé dans la composition du microbiote. Différents types d’aliments fournissent différents types de nutriments aux bactéries, ce qui peut promouvoir la croissance de certaines espèces bactériennes par rapport à d’autres. si nous consommons une alimentation pauvre en fibre, une alimentation riche en sucres rapides, graisses saturées, nous allons favoriser la population des bactéries pathogènes et à l’inverse une alimentation riche en végétaux, donc en fibre, graisses polyinsaturées et sucres complexes favorisera les bactéries commensales.
– Génétique : Notre composition génétique influence le type et la diversité des bactéries présentes dans notre corps. Certaines personnes peuvent avoir une prédisposition génétique à héberger certaines espèces bactériennes.
– Environnement : L’environnement dans lequel nous vivons et les expositions auxquelles nous sommes confrontés jouent un rôle dans la composition de notre microbiote. Des facteurs tels que le lieu de résidence, l’alimentation, l’hygiène, l’exposition aux animaux et aux microbes environnementaux peuvent influencer les bactéries présentes dans notre corps.
– Mode de naissance : la méthode de naissance, par voie vaginale ou par césarienne, peut avoir un impact sur la composition initiale du microbiote. Les bébés nés par voie vaginale sont exposés aux bactéries présentes dans le canal vaginal de la mère.
– Allaitement maternel : l’allaitement maternel influence la composition du microbiote chez les nourrissons.
– Traitements médicaux : certains traitements médicaux, tels que les antibiotiques, peuvent perturber l’équilibre du microbiote en éliminant sélectivement certaines bactéries.
– La pollution : exposition aux produits chimiques : la pollution de l’air et de l’eau peut contenir divers produits chimiques toxiques, tels que les métaux lourds, les pesticides, les produits chimiques industriels et les polluants organiques persistants. Ces substances peuvent être ingérées ou absorbées par la peau et peuvent perturber l’équilibre du microbiote intestinal ou cutané.
– Le stress: le stress chronique peut altérer l’intégrité de la barrière intestinale, qui est une couche protectrice qui empêche les substances indésirables de traverser les parois de l’intestin et d’entrer dans la circulation sanguine. Lorsque la barrière intestinale est compromise, des molécules potentiellement nocives peuvent pénétrer dans l’intestin, entraînant une inflammation et une activation du système immunitaire. Cela peut perturber l’équilibre du microbiote et favoriser la croissance de bactéries potentiellement pathogènes.s
Quelles sont les rôles de nos « bonnes » bactéries ?
–Digestion des aliments : les bonnes bactéries aident à décomposer les aliments que nous consommons, en particulier les fibres alimentaires que notre corps ne peut pas digérer. Elles produisent des enzymes qui décomposent les fibres en composés plus simples, ce qui facilite leur absorption par l’intestin.
– Production de nutriments : certaines bonnes bactéries sont capables de produire des nutriments essentiels tels que la vitamine K, les vitamines B et certains acides aminés. Ces nutriments sont importants pour le fonctionnement optimal de notre corps.
– Protection contre les pathogènes : les bonnes bactéries aident à maintenir un équilibre sain dans notre microbiote intestinal, ce qui limite la croissance de bactéries pathogènes potentiellement nocives. Elles occupent l’espace et les ressources, ce qui réduit la capacité des pathogènes à se développer et à causer des infections.
– Renforcement du système immunitaire : les bonnes bactéries jouent un rôle clé dans le développement et la régulation de notre système immunitaire. Elles stimulent la production de cellules immunitaires et de substances bénéfiques qui aident à prévenir les réactions inflammatoires excessives et à maintenir l’homéostasie dans l’intestin.
– Régulation du transit intestinal : les bonnes bactéries aident à maintenir une motilité intestinale régulière, ce qui facilite le transit des aliments à travers le système digestif. Elles contribuent également à prévenir les problèmes digestifs courants tels que la constipation et la diarrhée.
– Amélioration de l’absorption des nutriments : les bonnes bactéries aident à améliorer l’absorption des nutriments par la paroi intestinale. De plus, elles favorisent la santé de la muqueuse intestinale, augmentent la surface d’absorption et renforcent la barrière intestinale, permettant ainsi une meilleure absorption des nutriments essentiels.
Les bonnes bactéries produisent un acide gras (AGCC), appelé propionate. Ce propionate a plusieurs fonctions et effets bénéfiques dans notre corps :
* Production d’énergie : lorsque nous consommons des fibres alimentaires, les bactéries intestinales fermentent ces fibres et produisent du propionate. Le propionate est ensuite absorbé par les cellules du côlon et utilisé comme source d’énergie. Il peut contribuer à l’apport énergétique total de notre organisme.
* Régulation de l’appétit : le propionate peut influencer la régulation de l’appétit en agissant sur le système nerveux central. Il peut aider à réduire la faim et promouvoir la satiété, ce qui peut avoir un impact sur la gestion du poids et la prévention des excès alimentaires.
* Effets anti-inflammatoires : le propionate peut avoir des effets anti-inflammatoires dans le corps. Il est capable d’inhiber la production de certaines substances inflammatoires et de moduler la réponse immunitaire, réduisant ainsi l’inflammation dans le tube digestif et dans d’autres parties du corps.
* Régulation du métabolisme : le propionate peut jouer un rôle dans la régulation du métabolisme des glucides et des lipides. De plus, il peut favoriser la sensibilité à l’insuline, aider à réguler la glycémie et influencer le métabolisme des graisses, ce qui peut être bénéfique pour la santé métabolique globale.
En conclusion, une bonne flore, qui sécrète une bonne quantité de propionates impacte positivement la vitesse de la vidange gastrique.
À l’inverse, une alimentation inappropriée diminuera la quantité de propionates produits. La vitesse de la vidange sera accélérée et les aliments insuffisamment digérés passeront trop vite dans le tube digestif. La vitesse du passage du glucose est augmentée et augmente à son tour la glycémie.
L’acide butyrique également produit par les bactéries commensales est indispensable car :
* C’est une source d’énergie pour les cellules intestinales : l’acide butyrique est une source d’énergie préférée pour les cellules de la paroi intestinale. Il est aussitôt absorbé par les cellules de l’intestin et utilisé comme carburant pour leur métabolisme. Cela aide à maintenir la santé et l’intégrité de la muqueuse intestinale.
* Protection de la barrière intestinale : l’acide butyrique contribue à renforcer la barrière intestinale, qui est une couche protectrice essentielle entre le tube digestif et le reste du corps. Il aide à maintenir l’intégrité de la muqueuse intestinale, prévient les fuites intestinales et limite le passage de substances indésirables dans la circulation sanguine.
* Effets anti-inflammatoires : l’acide butyrique possède des propriétés anti-inflammatoires. Il peut inhiber la production de substances inflammatoires dans le tube digestif, atténuer l’activation du système immunitaire et réduire l’inflammation chronique de bas grade associé à certaines affections digestives, telles que la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn.
* Régulation de la motilité intestinale : l’acide butyrique peut influencer la motilité intestinale, c’est-à-dire le mouvement des muscles de l’intestin qui permet le transit des aliments. De plus, il peut aider à réguler la vitesse de vidange gastrique et à maintenir une fonction intestinale régulière.
* Effets sur l’absorption des nutriments : l’acide butyrique peut améliorer l’absorption des nutriments dans l’intestin en favorisant la croissance de cellules spécifiques responsables de l’absorption des nutriments essentiels, tels que les vitamines et les minéraux.
Nous allons nous arrêter la pour les rôles des bactéries sinon l’article risquerait de devenir trop long.
Savez-vous seulement que nos bactéries peuvent produire des hormones sexuelles à partir de graisses saturées?
Comme le beurre, le fromage, l’huile de palme… ? Ces œstrogènes peuvent s’ajouter aux œstrogènes endogènes et accroitre le syndrome prémenstruel, hyperœstrogénie, et donc augmenter le risque de cancer du sein.
Les polyphénols, ces précieux principes actifs, les connaissez-vous ?
Nous entendons souvent parler d’eux et de leurs bienfaits : puissants antioxydants, ce qui signifie qu’ils peuvent aider à protéger nos cellules contre les dommages causés par les radicaux libres, anti-inflammatoires, ils peuvent réduire l’inflammation chronique dans le corps, ce qui est bénéfique pour la santé en général… .
Le problème, c’est que pour bénéficier de ces vertus, nous avons besoin d’une bonne flore qui découpe ces molécules et les transformer en forme active.
Quel est le rôle de notre barrière intestinale ?
schéma du site dr-trotta.fr
Le côté droit, il y a une « porosité », les jonctions qui composent la barrière sont éloignées.
Si cette barrière joue mal son rôle, c’est-à-dire que les jonctions qui la composent deviennent de moins en moins serrées, cela :
- Laisse le passage aux bactéries, virus, toxines se retrouver dans la circulation sanguine et engendrant par la même occasion une inflammation, cette inflammation endommage les récepteurs à l’insuline. (Facteur de diabète), oxyde le cholestérol circulant (LDL)
- permet le passage dans le sang d’antigènes alimentaires (augmente les intolérances alimentaires/allergies ou participe à son développement).
- stimule le système immunitaire. (Inflammation de bas bruit).
- favorise passage d’acide organique (propionate) retrouvé dans les pathologies de l’autisme.
Attention, la gliadine du gluten stimule la zonuline (qui dégrade les jonctions serrées des colonocytes). C’est pour cette raison qu’il faut diminuer le gluten même chez les personnes ne souffrant pas de maladie cœliaque ou d’intolérance au gluten.
Comment notre flore peut-elle favoriser le syndrome métabolique et par conséquence notre prise de poids ?
Commençons par expliquer le syndrome métabolique qui regroupe plusieurs pathologies comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et l’obésité.
Toutes ont un point commun, le dysfonctionnement de l’insuline ou communément appelé résistance à l’insuline.
L’insuline est produite par les cellules bêta du pancréas lorsque le glucose se retrouve en circulation, lui permettant d’être stocké dans les muscles, les graisses et le foie pour être ensuite transformé en énergie ou stocker pour son utilisation ultérieure.
– Si nous consommons des aliments inflammatoires, riche en sucre rapides et pauvre en fibre, l’ouverture du pylore (sphincter musculaire de l’estomac) sera trop rapide et le glucose en circulation sera augmenté ainsi que la glycémie. Les chercheurs décrivent ce phénomène : « effet deuxième repas ».
– Cette alimentation profite d’abord aux bactéries pathogènes et à leur multiplication, mais contribue également à la résistance à l’insuline. Une alimentation déséquilibrée augmente l’index glycémique et par la même occasion provoque une sécrétion d’insuline trop importante. Cette sécrétion permet aux cellules d’utiliser le sucre et, si ce dernier est en excès, de le stocker.
– Si nous consommons régulièrement des sucres rapides, trop de féculents, édulcorants, soda, nourritures industrielles… l’insuline qui est produite devient de moins en moins efficace et l’on parle de résistance à l’insuline. Le corps se défendra en produisant plus d’insulines et donc en augmentant le stockage des graisses.
Comment une alimentation inappropriée peut-elle influencer notre comportement ?
Une flore pathogène peut dégrader les acides aminés, plus particulièrement la tyrosine et le tryptophane.
– Le tryptophane est essentiel aux défenses hormétiques mais participe par ailleurs (dans le cerveau) à la synthèse de la sérotonine (freins des pulsions, régulation des comportements, anxiété) et de la mélatonine (qui facilite l’endormissement).
– La tyrosine, c’est le précurseur de la dopamine et de la noradrénaline. (Combativité, motivation…)
Vous l’aurez compris, consommons des aliments de qualité, riches en vitamines et nutriments pour obtenir l’énergie nécessaire, être en forme sans coup de pompe, réguler son appétit et gérer ses émotions. Une alimentation inappropriée, comme expliqué ci-dessus, peut altérer nos facultés intellectuelles ainsi que le contrôle de nos pulsions.
Les dernières études ont démontré que l’inflammation du tube digestif (via une alimentation inappropriée, stress intense, pollution…) pouvait se propager jusqu’à notre cerveau (barrière hémato-céphalique). Cette inflammation contribue à un état dépressif de notre cerveau.
L’équipe de Stephen Collins a démontré l’influence du microbiote sur le comportement des souris. Ils ont réalisé des transferts de microbiotes de souris agressives à des souris calmes, qui devenaient agressives par la suite et vice versa. Le lien système digestif-cerveau n’est plus à démontrer.
Le prochain article sur la flore traitera de l’alimentation a adapté pour bien nourrir sa flore.